Nous partîmes à 7h30 et par un prompt effort il était 11h30 en arrivant à bon port. Le problème à un pneu crevé sans doute par une autre école concurrente et qui craignait la force de notre équipe. En effet, elle comportait des éléments sinon effrayants du moins perturbateurs : Laurent « tête de bite » prêt à asséner des coups à tout bout de champ, Yoan le scalpé, BenLight le chevelu, Cyprien deux-mains-gauches, David j’aplatis-en-ballon-mort, Bertrand vomito, Julien l’en-avant…vous comprendrez alors la terreur qui emplit le cœur de nos adversaires lorsque par un soleil battant nous entrions sur le terrain alors que l’horloge de l’église sonnait les 15h. Nous avions revêtu nos tuniques aux couleurs de notre emblème, José le grand manitou nous avait briffés, nous étions fin prêts, il aurait pu arriver n’importe quoi en face, nous aurions fait front. Et il arriva effectivement n’importe quoi, des mecs en T-shirts, shorts de ville, mocassins bateau aux pieds ou peu s’en fallait. L’habit ne fait certes pas le moine, mais il ne faisait pas, à l’évidence, le rugbyman. Nous leur affligions un humiliant 6 à 0 au moins lors des 15 premières minutes et ce sans compter l’en-avant dans l’en-but de Cyprien-aux-doigts-de-fée. Je pense que c’est dans ces moments que l’ESPCI se réjouit d’avoir pris sous son aile les joueurs de l’ENS.
Ce premier match était donc un amuse-gueule où tout le monde s’en donnait à cœur joie. Mais nos porcelets sont modestes, ils savaient leur tâche encore longue et âpre. Dans leur poule, deux autres équipes demeuraient : Limoges et Caen, l’heure n’était plus au touche pipi. Le deuxième match de la journée était celui de la qualification. Le coach sut motiver ses troupes par des mots tels que « si on gagne ce soir on se la fout sans scrupule ». Il n’en fallut pas plus à nos cochonnets pour sortir THE match de l’année. Il restera dans nos mémoires comme le match référence. La tension était insoutenable, ce genre d’instant ne se raconte point, il se vit. La première mi-temps s’avérait dure. Tout le monde se donna à fond, la sueur coula à flots. Bertrand se montrait bien inspiré, David ne ratait point l’en-but, à l’aile même Julien d’ordinaire si maladroit parvenait en terre promise. A deux minutes de la mi-temps, le score était de parité 3-3, c’est alors qu’une balle vint jusqu’au deuxième centre BenLight, joueur emblématique des porcelets à qui nous tenons ici à rendre hommage. Bertrand ouvre sur Bito qui prend l’intervalle et fait la différence, il sert alors l’essai sur un plateau à Ben qui a encore un coéquipier sur sa gauche mais ses cannes prennent le meilleur sur ses adversaires, il court, majestueux, vers la ligne d’essai, quand, sans explication logique, peut-être jaloux du niveau à la burne de ses concurrents directs Cyprien et David, il aplatit… à 3mètres de la ligne, levant les bras au ciel, tandis que nous jetions les nôtres aux cieux… Benjamin a-t-il été trahi par ses sens ? Que s’est-il vraiment passé à cet instant dans sa tête ? Nul ne le saura probablement jamais. N’accablons pas Ben qui n’était pas seul car trois minutes auparavant, Cyprien, en demi de mêlé d’expérience, avait à négocier un trois contre trois, petit côté, à quatre mètres de la ligne adverse, quand il préféra balancer une passe très approximativement vissée de quinze mètres à l’aveuglette grand côté direct dans les mains d’un limougeaud qui n’en demandait pas tant alors qu’il était en train de se faire les lacets ou d’appeler un pote, ce dernier se saisit donc du ballon tombé dans ses bras tel un don divin et alla à l’essai. Ainsi, alors que nous aurions dû arriver à la mi-temps à 4 à 2, nous nous retrouvions dos à dos. Burnistiquement, je ne sais qui de Cyprien ou Benjamin mérite la palme sur ce match. A vous de voter !!
Mais le reste devait être que bonheur, Gary allait à nouveau à l’essai suite à une chandelle et après avoir défoncé un défenseur adverse. Même le coach marqua son essai. La soirée se passait donc dans l’allégresse. Au petit matin, les organismes fatigués se retrouvaient face à Caen. L’équipe encore euphorique en oublia un peu son rugby et perdit suite à une première mi-temps catastrophique son match 5-3 ou à peu près.
Les quarts se dessinaient, bien entendus, les organisateurs nous détestant, ils changèrent le calendrier pour que nous tombions contre CPE Lyon. Ils ne nous laissaient alors que peu de chances avec leur physique de créatinés. Nous tombions avec les honneurs et les armes à la main devant plus forts que nous. Il faut dire que nos troupes avaient été décimées par divers fléaux tels que la vodka, le whisky, le Ricard et autre tequila ainsi que par de nombreuses blessures. Combien ne sont pas revenus entiers vers leurs femme et enfants ? Combien sont restés sur le terrain, accablés par la douleur ? Combien cuvent encore aux côtés de Grégoire ou Krusty ? Bito, Ben Light, Benjamin, Yoann, Cyprien… on ne compte plus les blessés.
Eliminés, nous pouvions envisager sereinement les demi. Je n’ose raconter la débâcle de palois tout juste bons à faire des concours de chiens de bergers.
Je m’arrêterai pour finir sur la finale. Grand moment, A7 contre l’ESPCI, AZF contre la binouze. Ah ils faisaient les beaux avec leur fanfare. Leur entraîneur Guy avait décidé d’aligner l’équipe type d’entrée pour nous impressionner : Pelous, Fritz, Jauzion, Heymans, Dusautoir, Nyanga, Ellisalde. Après avoir signé quelques autographes pour les enfants de Pelous, je prenais place sur le terrain avec mes camarades. Je dois dire que sur ce match, tout le mérite revient à Adrien Bouty alias « Bandeau » l’homme à la chevelure d’or et au cœur de pierre. Non Mesdemoiselles, son cœur n’est plus à prendre, il l’a voué à W.W.Ellis. Sur le coup d’envoi, « Bandeau » partait bille en tête vers le ballon récupéré par Pelous. « Bandeau » lui assénait un plaquage dont lui seul a le secret. Pelous tombait K.O. Il fût évacué vers l’hôpital de Roubaix. N’ayez crainte, il pourra défendre les couleurs toulousaines contre le Munster. Les joueurs de l’ESPCI souhaitent d’ailleurs bon courage à leurs malheureux adversaires toulousains en espérant qu’ils feront mieux contre le Munster que le PORC a largement battu lors de sa dernière tournée germanique. Privé de son capitaine, Novès le remplaçait par Kelleher. Mais tout ce talent toulousain ne pouvait rien face à la furia porcine. Les porcelets offraient alors au public essentiellement féminin et survolté un spectacle plaisant : chistera de Cyprien pour lui même ; passe au pied des quarante mètres de Bertrand pour ses ailiers, quadruple redoublée entre Bito et Benlight qui va à l’essai, double plaquade de David sur Nyanga et Albacete rentré en cours de jeu. Bruno prenait Dusautoir en vis-à-vis, tout en sortant de temps à autre pour rejoindre la fanfare et jouer le « curé de Camaret ». Jamais il n’oublia d’honorer sa parisienne patrie en tisant. Quentin et Amaury en profitaient pour s’entraîner au pick and go… Un festival qui est digne des légendes des promos 117 et antérieures.
Il faut bien expliquer à ceux qui viendront après nous qu’ils doivent être à la hauteur ! J’achèverai ici mon discours car il n’y a point de mots pour définir ce qu’on fait les porcelets lors de ce TIC.
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